Un groupe d’entraide entre producteurs et consommateurs, Beaufortain, FR, 6.04.2020

Jeanine Sochas, adhérente de Forum Synergies

Ici dans le Beaufortain et en France nous sommes à la même enseigne qu’en Espagne et respectons les mesures de confinement. Les contrôles de gendarmerie sont relativement fréquents et les habitants, tant bien que mal, et c’est partout, se sont adaptés. Nous sommes autorisés à sortir, 1 heure par jour et à 1 km de rayon de notre domicile avec sur nous une attestation de déplacement indiquant le motif et signée. Le plus difficile, c’est pour les sportifs de haut niveau car ils ne peuvent plus sortir en montagne (Toute sortie en montagne, même sur les sentiers est interdite). Quant aux paysans du Beaufortain, ils travaillent comme d’habitude, le printemps arrive et les troupeaux sortiront bientôt.

Pour les agriculteurs en circuits courts, c’est plus difficile : maraichers, vente de produits laitiers, œufs, viande … Non seulement la restauration collective s’est arrêtée du jour au lendemain (restaurants, cantines scolaires etc) mais les marchés également. Seuls 2 magasins de producteurs restent ouverts à Albertville ainsi que les magasins comme Bio Coop, Satoriz, où maraichers et arboriculteurs approvisionnent ces magasins ?
Depuis une semaine, quelques dérogations préfectorales ont permis la réouverture du marché de Beaufort et celui d’Ugine [1]. Est-ce que ces dérogations vont s’étendre à d’autres communes ?

Sur Albertville et les villages alentours (territoire administratif Arlysère), des amapiens se sont mobilisés pour créer à partir du réseau des AMAP [2] un résau d’entraide - Le Petit Camion entre consommateurs et producteurs avec des liens vers les réseaux d’aide aux migrants, restos du cœur … Une carte collaborative indique où l’on peut acheter des produits locaux.

Parallèlement, nous essayons de redémarrer l’AMAP de Beaufort (fonctionnement suspendu l’hiver faute d’être approvisionné par le maraîcher), et permettre à des petits producteurs d’écouler leur produits (fromages de chèvre, pain, œufs. Notre maraicher ne livrera qu’à partir de début mai. Dans le Beaufortain, en temps normal, nous nous heurtons à la difficulté de trouver des producteurs (maraichers et arboriculteurs ) qui veuillent bien monter à Beaufort. Pas assez de contrats, donc pas rentable pour eux, je peux comprendre.
Augmenter les contrats, nous nous y efforçons chaque année, mais les contraintes et engagements dans une AMAP font reculer de nombreuses familles qui préfèrent faire leurs courses en descendant à Albertville. Bon, nous sommes une petite poignée encore à y croire et je pense que ça va encore fonctionner cette année.
"Le Beaufortain est un pays Riche", mais nous avons encore du chemin à parcourir.